De Générations en Générations – Chapitre 13

Chapitre 13

 

 

Judith réapparait plusieurs jours plus tard chez le docteur Maurice. Lorsqu’il ouvre la porte, il voit une femme en pleur, une plaie béante au visage, les vêtements déchirés avec plusieurs bleues aux bras et aux jambes.

            — Mais que vous est-il donc arrivée. Vous êtes dans un tel état. Venez à l’intérieur, que je soigne vos blessures.

            — Non, ce n’est pas grave. J’ai mérité ces coups de mon mari. Je suis venue récupérer ma fille. Il faut que je sois partie d’ici dans l’heure, car ils viendront reprendre l’enfant et me l’enlever pour toujours. Je suis désolée, je ne pensais pas que ça les dérangeraient. Mais j’aurais dû le savoir…, dit-elle en s’évanouissant.

Le docteur n’eut que le temps d’étendre les bras, pour la soulever.

            — Pauvre femme, elle n’a que les os sur la peau. Quels calvaires ont-ils dû lui faire subir pour qu’elle arrive dans cet état.

Le docteur la couche sur le sofa, pour ensuite aller chercher se qu’il lui faut pour ne pas que la plaie s’infecte. Par la suite, il la regarde et il songe.

            « Je ne peux la laisser seule maintenant. C’est moi qui l’ai mise dans cette situation en acceptant l’enfant. Pourtant je sais que j’ai bien fait. Depuis que la petite est ici, elle a meilleure mine, mais à voir la mère… Non ! C’est décidé… Je prends quelques affaires et nous partons autre part. »

            — Madame Tremblay… Madame Tremblay, réveillez-vous. Nous devons partir.

Judith ouvre les yeux surprise en essayant de se relever elle lui dit :

            — Mais non docteur… Vous ne pouvez laisser vos patients et s’ils savent que vous m’avez aidé, ils vous tueront vous aussi.

            — Je ne vous laisse pas toute seule. Vous et votre petite Moïsette avez besoin d’aide et j’ai ce qu’il faut pour me défendre. Rester ici, je vais chercher votre enfant et nous disparaitrons ensemble.

 

♥♥

 

Plusieurs semaines que la nouvelle famille du Maurice Jolicoeur avait atterrie dans la belle ville de Trois-Rivières. Le destin était pour eux, car quelques jours plus tard, il trouvère la maison idéale pour y vivre et pour que le docteur puisse travailler. Au début, Judith ne voulait pas nuire à son bienfaiteur et elle essaya de le dissuader.

            — Monsieur… Vous savez que vous ne pourrez plus jamais aller là-bas et qu’ils vont probablement nous rechercher. Et vous ne devriez pas mentir sur votre nom. Vous êtes médecin et vous devez respecter votre serment d’Hippocrate.

            — Vous avez raison et c’est ce que j’ai fait. Je vous ai sauvez vous et votre enfant et je prendrai soin de vous le temps que vous voudrez bien de moi. Et, termine-t-il en cherchant dans une petite boite sur le bureau. Ah! Voilà… regardez mon diplôme, je n’ai pas menti, j’ai simplement utilisé mon deuxième nom.

            — Oh monsieur… vous jouez simplement avec les mots et vous êtes doué, répond Judith en souriant.

            — Si je peux mettre un peu de bonheur dans votre vie, alors j’aurai réussi. Ah oui, si clientèle il y a, j’aurai besoin de vous quelques heures par jours. La petite pourra naturellement rester avec vous, réplique Maurice en prenant Moïsette. Regardez comme elle semble heureuse…

 

♥♥

 

La famille Jolicoeur s’acclimata très rapidement dans cette nouvelle ville. De nombreux patients se présentèrent chez le nouveau docteur. Sa femme si gentille, gagna le cœur de tous.

Dans les premier temps Judith allait deux fois par semaine porter du pain bien chaud aux policiers du poste près de son nouveau logis. Ceux-ci l’accueillaient à bras ouvert et lui avait même donné un petit sobriquet. Voilà les gars, madame la « porteuse de pain », disait le premier qui la voyait entrée. Elle mettait toujours son panier sur la même table, car c’était derrière celle-ci qu’on mettait les affiches des personnes recherchées. Jamais elle n’a vu la sienne, ni celle du docteur, ce qui la rassura de semaines en semaines. Au fils du temps, elle ne regardait plus le mur derrière, elle ne venait que par habitude et gentillesse.

Le jour tout allait bien pour Judith, mais le soir ce n’était pas tout à fait pareil. Le docteur devait souvent sortir voir un patient malade… Moïsette grandissait à petit pas et ces souvent lorsqu’il n’était pas à la maison que la petite avait des crises de plus en plus fréquente et qu’elle avait d’affreuse migraine. Comme ils n’étaient pas mariés et que le docteur la respectait, ils faisaient depuis le début chambre à part et c’était facile de lui cacher sa souffrance. Cependant, au déjeuner depuis peu, Maurice lui demandait souvent si elle avait bien dormie. Ses traits tirés la trahissaient.

Un soir, il l’invita au restaurant pour lui faire plaisir. Il avait trouvé une gentille dame pour garder la petite Moïsette. Sur le chemin du retour, un terrible drame arriva. On attaqua le couple. Le docteur essayant de protéger Judith reçu un coup de poignard au cœur et elle, se penchant pour le secourir, reçu deux coups au dos. Les deux moururent dans les minutes qui suivirent. Moïsette était alors âgée de huit ans…