De Générations en Générations – Chapitre 14

Chapitre 14

 

 

Plusieurs années plus tard, Moïsette se réveille encore en sueur repensant au terrible drame qui avait changé sa vie. Ayant maintenant atteint l’âge de raison, elle savait ce qui se produisait par la suite.

            « La crise ne devrait pas tarder », pense cette dernière.

Depuis longtemps maintenant, elle s’était résignée. Cette fois, elle ne se lève, même pas. Ceux qui s’occupaient d’elle depuis la mort de ses parents, en s’apercevant qu’elle ne venait pas prendre son petit déjeuner, sauraient qu’elle faisait une nouvelle crise. Et la gentille voisine savait depuis le temps, ce qu’elle devait faire. Elle ferme les yeux en attendant, que celle-ci survienne. Ces pensées la ramènent ainsi, bien loin derrière, lorsque l’on vint annoncer à la gardienne la mauvaise nouvelle.

 

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            « Je dormais à ce moment là et je me rappelle que lorsque je me suis réveillé, ce matin là, avoir senti que quelque chose clochait. Je me suis habillée et lorsque je suis arrivée dans la cuisine, un groupe de voisin prenait un café sans que ni mon père ni ma mère ne soient présents. Et j’en eus la confirmation, lorsque la voisine Huguette me dit, en me prenant dans ses bras. »

            — Pauvre petite, nous ne te laisserons pas toute seule. Nous allons tous nous occuper de toi. Pas question que tu te retrouve en foyer…

            — Mais c’est ici mon foyer… Pourquoi m’en irais-je ? Et pourquoi êtes-vous tous ici ? Où sont mes parents ? Leurs dis-je, ce jours-là, en me dirigeant vers la porte de leur chambre.

            « Je me souviens, avoir essayé de me dégager des bras d’Huguette et que celle-ci me l’empêcha en me serrant encore plus fort et en répliquant. »

            — Non ! Non… ils sont fatigués. Il faut qu’ils se reposent. Retourne donc dans ton lit, je crois que toi aussi tu en auras besoin.

            « Puis cette après-midi là, on me dit la vérité et je compris du haut de mes huit ans, l’horreur de la situation, ce qui me value ma première crise topée 10 »,  pensai-je.

 

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Moïsette se réveille en sursautant. Les cheveux en bataille et épuisée. Elle essaya de se lever, mais elle dû se reprendre à deux fois pour y arriver tellement elle n’avait plus de force. Une pensée lui vient soudain.

            « C’est la première fois que je rêve lorsque je fais ces horribles crise qui me grugent tellement d’énergie. Et si, en plus, je pense à mes parents et à mon cœur brisé, je ne crois pas que ça aidera à diminuer l’intensité de ceux-ci. »

Soudain, elle entend une voix criante et celle-ci lui semble familière. Elle marche lentement vers la porte de sa chambre et l’ouvre un petit peu pour écouter, en espérant que celle-ci ne grinche pas, comme elle le fait d’habitude. Cette fois, son souhait est exaucé et elle entend de terribles paroles :

            — Vous ne comprenez pas. Je viens de vous dire que cette femme, que vous hébergez, est ma débile de sœur. Ma mère est partie en sauvage en se sauvant avec elle et celui que vous appeler votre sauveur, le docteur Maurice. Elle nous a abandonné pour cette bêtise de la nature et je veux la ramener avec moi pour qu’elle puisse voir ce qu’elle a fait de nos vies. Par la suite, elle sera internée comme sa mère aurait dû le faire. Ça m’a pris du temps à la retrouver et je ne partirai pas sans elle.

            — Même si tout ce que vous venez de nous raconter est vrai et nous en doutons… Grâce à Dieu, elle est majeure maintenant et Moïsette peut elle même prendre la décision de vous suivre ou non. Et, pour tout vous dire, même si elle accepte de repartir avec vous, nous nous objecterons à son internement, parce que Moïsette est loin d’être folle. Nous l’aurions remarqué sinon…

Un cri furieux fit sursauter la jeune fille et des larmes lui montèrent aux yeux.

            — Ahhhhhh non ! Là vous n’aurez pas gain de cause. J’ai le droit de la ramener et voilà la preuve.

Moïsette en avait assez entendu, elle referme la porte, elle prend la petite valise en dessous de son lit, se dirige vers les tiroirs de sa commode et commence à la remplir. Elle prend ensuite l’argent dans sa tirelire. Puis avant de quitter la demeure de ceux qui l’héberge depuis bientôt 13 ans, elle écrit ce petit mot.

            « Merci, Huguette et vous tous mes belles amies pour ce que vous avez fait pour moi depuis tant d’années. Il faut maintenant que je vous quitte pour ne pas vous faire de problèmes. Je ne peux pas vous dire où ira mon chemin et c’est mieux ainsi. Car vous serez obligé de lui mentir et de toute façon, je n’ai aucune idée où le destin m’amènera. Je peux néanmoins vous dire de ne pas vous en faire pour moi, je m’en sortirai. Adieu… Je vous aime tous… Votre petite Moïsette.

Des larmes coulèrent sur la feuille. La jeune femme détourna les yeux de peur de ne pas avoir le courage de partir. Elle prend la dernière chose qui lui tient à cœur, la petite boite au trésor contenant les quelques photos de sa mère et de son père et les carnets de dessin de celle-ci. Elle la range bien cacher dans la valise, la ferme, ouvre la fenêtre de sa chambre, balance la valise dehors. Puis, en se penchant, elle sort facilement comme elle l’avait toujours fait, car ce n’était pas sa première sortie en cachette pour aller ensuite sur le toit de la maison pour regarder les étoiles en rêvant… qu’ils n’étaient rien arrivés à ses parents. Elle aurait alors continué sa petite vie tranquille.

Soudain une pensée horreur la cloua sur place.

            « Oh! Et ma supposée sœur les auraient retrouvés. Et ils auraient été coincés », songe Moïsette.

Cette dernière pensée la ramène au présent. Dehors la noirceur arrivait déjà et elle se mit à courir… courir jusqu’à ne plus pouvoir, pour arriver à temps à la gare et prendre le dernier train. Elle ne savait pas si elle réussirait, car rapidement elle dû s’arrêter de peur de s’évanouir, ces forces n’étant pas encore revenues. Puis, elle irait jusqu’à la dernière ville où irait ce train. Et si elle se sentait encore en danger, elle irait encore plus loin…

Heureusement, elle y arriva, après trois arrêts forcés. Le dernier train, ce soir là, la mènera jusqu’à la ville de Toronto. Mais ce trajet lui coûta presque toutes ses économies. Il ne lui resta que quelques sous qui lui permettrait de se nourrir durant quelques jours. Mais comment allait-elle faire pour se loger ? Il faudra bien vite qu’elle trouve du travail…