De Générations en Générations – Chapitre 18

Chapitre 18

 

 

Un cousin éloigné de la famille Montiguë attendait Sofie à la sortie du bateau, comme il en avait été convenu entre Carmen et lui.

            « Oh! Mon dieu, c’est vrai… je n’y pensais même plus. »

Durant le premier mois de son arrivé, Sofie avait promis à Carmen de rester chez eux. En voyant son air mécontent, la jeune fille songe, en continuant à le regarder.

            « Zut ! Je sens que le mois va être bien long. Non… non, trente jours, c’est vite passés. »

En soupirant, elle monte sa main en saluant et en souriant, comme la politesse l’exige. Cependant, elle fut surprise par la réaction du cousin, qui arrive près d’elle et lui donne trois becs sur les joues. En voyant l’air surpris de sa protégée, il se mit à rire en lui disant :

            — Bienvenue en sol Parisien, cousine. Il faudra vous habituer à ce rituel car, ici au souhaite la bienvenue de cette façon. Maintenant, allons chercher vos bagages et nous irons tout de suite à la maison. Voyant votre air fatigué, la visite sera pour plus tard. Je ne tiens pas à ce que vous fassiez une crise le premier jour de votre arrivée chez nous.

            — Oh! Je ne savais pas, monsieur …

Il lui coupe la parole sans attendre la fin de sa phrase.

            — Oh là, jeune fille ! Vous ne m’appellerez pas monsieur, je suis trop jeune pour ça. C’est Pierre mon nom. Et oui Carmen m’a parlé de votre petit problème et comme je suis médecin… Peut-être un jour trouverais-je un remède ou de moins une manière de faire que vos crises soient moins dommageables …

            — Merci mon… Pierre, mais il y a longtemps que je m’en accommode et je ne tiens pas à vous encombrer de mes problèmes de santés.

 

♥♥

 

La première semaine de son arrivée, Sofie la trouva longue, car Pierre et sa femme Doris, l’oblige à se reposer une grande partie de la journée. La jeune fille essaya plusieurs fois d’aller visiter les environs, mais elle fut arrêtée à chaque fois.

            — Mais où allez-vous encore jeune étrangère, dit Doris en la regardant descendre les escaliers avec manteau sur le bras et parapluie dans les mains. Vous essayez une nouvelle fois de vous esquiver sans être vu. Ça ne fait que deux jours… Il faut encore vous habituez au décalage horaire. Si vous faites une de vos crises, par votre fatigue, alors mon mari prolongera votre repos.

            — Mais… je me sens en pleine forme Doris. Laissez-moi aller me promener une petite demi-heure.

            — Non… Ça ne serait pas raisonnable et je ne veux pas décevoir mon époux en vous laissant vous promener sous cette pluie torrentielle. Cependant, allons nous asseoir sous la véranda et discutons un peu ensemble. J’aimerais que vous me parliez un peu du Québec. Je n’y suis jamais aller et ça serait un rêve de pouvoir l’imaginer à travers vos paroles.

            — Eh bien ! Ça n’est vraiment pas ce que je désirais, mais toutefois vous me proposer un bon compromis, alors allons-y car j’ai beaucoup de choses à vous compter.

 

♥♥

 

Le lundi suivant Sofie se lève avec la firme intention de partir avec Pierre, car c’est sa seule journée de congé. Elle a très hâte de pouvoir enfin découvrir sa ville d’adoption de même que de surveiller les petites pancartes sur le rebord des fenêtres annonçant la recherche d’une serveuse dans quelques petits bistros intéressants où elle pourrait travailler.

Au déjeuner elle aborde tout de suite le sujet avant de se faire proposer autre chose.

            — Pierre, cela fait maintenant plus de semaine que je suis ici et je me sens en pleine forme. Me feriez-vous l’honneur, vous et votre charmante femme, de me faire visiter une partie de cette belle ville et en même temps si vous connaissez quelques bistros qui chercheraient une serveuse, je suis partante. Je veux vraiment m’impliquer et vivre de mon travail pour me bâtir une petite vie bien à moi.

            — Vous songez déjà à nous quitter, réplique Doris.

Sofie l’interrompt aussitôt.

            — Non ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Je suis très bien ici. Mais je suis venue pour bâtir ma famille et je ne peux le faire dans charmant nid douillet. Alors, je dois me trouver mon propre chez-moi.

Pierre se mit à rire et Doris fit de même. Perplexe Sofie ouvre de grands yeux, car elle ne comprenait plus rien.

            — Chère Doris, tu arrive toujours à rendre mal à l’aise nos invités. Évidemment Sofie, nous le savions et nous ne le prenons pas mal. Nous allons effectivement aujourd’hui te faire visiter un coin de notre ville. Et je crois même pouvoir te dire, que tu trouveras à cet endroit un travail et même un petit nid douillet, comme tu le souhaites.

Sofie ne fit qu’hocher les épaules, car vraiment là on la perdait. Elle ne comprenait plus rien.

Encore une fois Doris intervient.

            — Mon époux est pas mieux que moi pour te mettre dans la confusion, répond-t-elle en souriant à la jeune femme. Ce qu’il voulait te dire, c’est qu’un de nos cousins a effectivement un bistro. Et que la dernière fois que nous y sommes allés il cherchait justement une serveuse et qu’il cherche à louer le petit studio au dessus qui pouvait être ce que tu recherche.

 

♥♥

 

Effectivement, l’offre fut accepter et Sofie qui travaillait au bistro depuis quatre semaines emménagea dans le petit appartement dans le mois courant du mois suivant.

Les employés de ce bistro ainsi que Pierre et sa femme formèrent rapidement sa nouvelle famille.

Parce que souvent elle ne comprenait pas assez rapidement le sens de la phrase et parce qu’on l’aimait bien, les employés se mirent à la taquiner car elle ne s’en offensait pas et même elle riait avec eux de leur plaisanteries. Le propriétaire, remarqua un jeune homme qui venait régulièrement mais seulement lorsque sa nouvelle employé travaillait. Il observa vite que celui-ci la mangeait des yeux et elle ne le voyait même pas. Alors un beau matin, il se lança.

            — Hum… Hum…, jeune fille, je suis en forme aujourd’hui et j’aimerais prendre un petit parie qui vous conserve. Êtes-vous avec moi ? dit-il en regardant les autres serveurs et serveuses.

Tous sans exceptions lui firent un signe affirmatif de la tête.

Sofie répondit :

            — Mais… je ne comprends pas. Qu’ais-je fais encore ?

            — Chut… Tu n’as rien fait voyons, c’est pour ça que je prends ce pari. Hey les autres, je vous prédis qu’aujourd’hui, le jeune de la table huit, fera les premier pas…

            — Hum… je crois qu’il aura besoin de votre aide, dit Suzette, une autre serveuse en lui faisant un clin d’œil.

En levant les yeux au ciel, Sofie termine cette conversation inutile.

            — Assez vous autres, je n’embarque pas cette fois. Je travaille moi.

Tous ce mirent à rire en l’observant aller vers son premier client.

Au beau milieu de l’avant-midi, son patron vient la rejoindre à la table qu’elle servait. Sofie fit même un saut, car depuis qu’elle travaillait ici, jamais il n’avait fait cela. Sans la regarder, il parle au jeune homme.

            — Monsieur, justement hier vous m’avez posé une question concernant cette jeune personne et il est évident qu’elle pourra vous répondre mieux que moi, dit-il en s’éloignant.

            — Très surprise, Sofie lui demande toutefois ;

            — Oui monsieur, en quoi puis-je vous aider ?

            — Hum… Je ne sais comment vous le dire. Je demandais seulement… à votre patron si vous étiez libre, dit le jeune homme, après avoir hésité un moment.

            — Eh bien ! Je termine à 18 heures, mais je ne sors pas avec mes clients.

            — Oh! Mais ce n’est pas dans ce sens. Je voulais savoir si vous étiez en couple…

            — Ah ! Mais je ne vous connais pas monsieur, et je ne vois pas pourquoi je répondrais à cette question personnelle. Je reviens avec votre café, réplique-t-elle en lui tournant le dos, prête à s’en aller.

            — Mademoiselle, un instant s’il vous plait… Je m’appelle Daniel… Daniel Thomassin et je termine mon doctorat en architecture. Je vous le demande car vous m’intéressez et que j’aimerais mieux vous connaitre. Accepteriez-vous de diner avec moi un certain soir.

Sofie rougit de plaisir car évidemment elle avait remarqué ce beau jeune homme mais elle ne pouvait penser que lui aussi s’intéresserait à elle. Soudain, elle aperçoit son patron ainsi que ces collègues éclatés de rire car ils tous remarqué les rougeurs qui se dessinait sur ses joues.

            — Mes petits diables vous… murmure-t-elle.

 

♥♥

 

La relation prit vite un tournant amoureux, mais Sofie voulait prendre son temps avant d’aménager avec lui. Elle espérait le faire après qu’il lui aurait demandé de l’épouser, mais après deux longues années de fréquentation, il ne l’avait toujours pas fait. Sa patience était à bout et ce matin elle se dit

            « Je lui donne encore un mois pour se décider et s’il ne l’a pas fait et bien il faudra que je me rende à l’évidence. Il ne le fera jamais et moi je veux faire ma vie avec lui, alors je lui demanderai de venir vivre avec moi. »

Ce même jour, sentant une crise arrivée, elle descend au resto pour annuler son chiffre. Sans lui demandé pourquoi le patron lui accorde sans qu’elle lui explique pourquoi. Car même s’il ne lui en avait jamais parlé, il connaissait son secret.

Cependant, Sofie ne le remarqua pas, elle était déjà ailleurs dans ses pensées.

            « Pourquoi aujourd’hui, après presque deux ans sans en faire. »

Elle n’eut que le temps de se coucher avec que la crise commence. Celle-ci fut  telle énorme que Sofie, lorsqu’elle reprit conscience se pencha près du bol installé tout près de sa tête de lit et remarqua qu’il était presque plein. Elle ne se souvenait de rien et en regardant l’heure elle s’aperçue qu’elle avait perdu encore une fois deux heures de sa vie. Elle essais de se lever mais elle ni arrive pas. Toute sa force a quitté son corps. e bas de son lit.

            « Ça empire à chaque fois. Combien de temps avant que je retrouve un peu d’énergie », songe Sofie.

 

♥♥

 

Le cinquième jours de refus de le voir, Daniel arrive et cogne à sa porte.

            — Sofie, ouvre et dites-moi ce qui ne va pas. Ça fait plusieurs jours que je remarque que les serveuses viennent te voir et que vous leur ouvrez. Pourquoi vous ne voulez pas me voir ? Qu’ai-je fait d’aussi affreux…

Là elle ne pouvait pas le laisser penser que c’était de sa faute. Elle doit lui dire la vérité. C’est pourquoi elle lui ouvre et lui disant :

            — Chéri, vous avez raison. Je ne veux plus rien vous cacher. Venez au salon, car je ne peux rester longtemps debout.

            — Oui, venez…, dit-il en la regardant. Vous êtes si blême…

            — Laissez-moi vous parler, je vous pris. J’ai refait le test trois et je ne peux nier l’évidence… Malheureusement ça se complique entre nous car vous allez être papa. J’ai pourtant fait attention et je peux vous affirmer que je ne vous ai pas piégé…

Il lui coupe la parole.

Je vais être père…. Mais c’est merveilleux, vous n’avez pas à me fuir pour ça. Maintenant je peux enfin penser que vous me direz oui, réplique-t-il les yeux plein d’eau, en mettant un genou à terre et en prenant la main de Sofie. Mademoiselle Sofie Tremblay, me feriez-vous l’honneur d’être ma femme, pour le meilleur et pour le pire, jusque la mort nous sépare.

            — Mais… mais oui, voyons. C’est certain, dit-elle en se jetant sur lui. Mais ce n’est pas tout, et je ne veux surtout pas que vous vous sentiez piéger, car j’attends votre demande depuis bien longtemps. Mais j’ai un secret que je garde pour moi et qui pourrait je vous le garantie vous faire fuir, je vous assure que j’ai voulu vous le dire à plusieurs reprise, mais j’avais espoir de m’en être sortie… Je suis malade et cette maladie ne se guérit pas. Cependant, je ne crois pas qu’elle soit mortelle… Je fais de terribles crise qui me clous au lit pendant des jours. Et même, celle-ci m’empêche de travailler comme vous venez de la semaine dernière. J’avais espoir de m’en être sortie, mais mon cousin Pierre m’a dit que probablement les changements hormonaux de mon corps ont provoqués cette crise et il prévoit que ça ne sera pas la seule. Si vous accepter cette maladie, il faudra être patient avec moi, car m’a-t-il dit, je devrai rester alité toute ma grossesse. Ça va être très long. C’est pourquoi, si tu le veux encore nous allons attendre la venue du bébé avant de se marier.

            — Comme vous voudrez, c’est votre décision et je l’accepte. Cependant je ne vous laisserai pas seule. J’emménage dès demain et nous vivrons ensemble ces mois difficiles.

            — Comme vous voudrez, je vous aime.

 

♥♥

 

Durant les cinq premiers mois de grossesse, Sofie fit plusieurs autres très grosses crises. La dernière la coupa de ses dernières forces. Le cœur de la jeune fille s’arrêta et au même moment que celui de son enfant, Une petite fille du nom d’Amandine.

C’est ainsi que la Génération de cette famille de Tremblay se termine avec la mort de la petite Amandine.

 

 

Note de l’auteure : Vous voyez où je voulais en venir avec cette histoire. Même si je continuais avec une autre décision qui semblerait bonne… La fin de l’histoire ce terminerait comme les deux autres, car la destinée de cette famille devait se terminé ainsi.

Chantale B.