12 Août De Générations en Générations – Chapitre 17
Chapitre 17
Deux mois après la naissance de la petite Sofie, ce fut son premier jour dans la famille Savard. À la suite de la terrible fin de Moïsette, et par l’abandon du foyer familiale du père de l’enfant le vieux couple avait décidé de prendre la petite sous leurs protections. Cependant, ils décidèrent de la faire baptiser sous le nom de famille de sa mère, donc la petite sera connue sous le nom de Sofie Tremblay.
Les premières années, en fait les huit premières, de Sofie furent fort heureuses et joyeuses car toute sa nouvelle famille l’accepta comme elle était, car malheureusement la maladie qu’avait Moïsette, se matérialisa aussi sous la jeune enfant. Dès l’âge de trois ans, elle eut sa première crise et coup du sort ou non, cinq ans plus tard madame Savard tomba malade.
Pendant quelques temps le vieux couple réussi tant bien que mal à garder Sofie, mais bien vite les crises se rapprochèrent. Lors d’une visite surprise de Carmen, la seule enfant que le couple put sauver car madame Savard avait fait plusieurs fausses couches avant et après l’enfant que les parents appelaient « notre petite miraculée, »… Celle-ci fut témoin d’une crise tellement forte que la pauvre petite ne put retrouver un peu de force que deux jours plus tard.
En voyant sa mère au bout du rouleau, de par sa maladie grandissante et le sens du devoir envers Sofie, Carmen, sans le dire à personne, a une longue conversation avec son mari. Le soir même, lorsque l’enfant fut couché, Carmen, leur parle de la situation en leur disant que ça n’avait plus aucun bon sens de garder la petite, qui demandait beaucoup d’attentions et de force et que dû à la maladie de sa mère et leurs âges vieillissants, ils devaient placer l’enfant.
Madame Savard répliqua aussitôt.
— Il n’en est pas question. Nous l’aimons et nous allons trouver la force qu’il faut. Le Seigneur ne nous abandonnera pas, je le sais, je le sens.
Mère, vous ne l’abandonnez pas, je vous rassure. J’ai la solution, je viens de discuter avec mon époux et nous sommes prêts à nous occupé, jusqu’à votre guérison de Sofie. Vous savez qu’elle sera bien chez nous et elle aura des sœurs plus âgées qui l’aimeront et la protègeront…
La vieille femme que la maladie avait amaigrit, ferme les yeux un instant. Lorsqu’elles les ouvrent de nouveau, une larme coule sur sa joue et Carmen voit dans ses yeux la résignation.
— Tu as raison, chère enfant, elle sera mieux chez toi, répond elle, avant de se lever pour aller se coucher. Elle put alors pleurer tranquillement, toute seule.
Le jour du départ arriva rapidement. Monsieur et Madame Savard étaient très malheureux de devoir la laisser partir, mais maintenant la tristesse avait été remplacée par la résignation car c’était la meilleure solution pour la petite. Néanmoins, ils ne voulurent pas la laisser partir sans rien. Moïsette avait ramassé bien des sous et comme si elle n’avait pas confiance en son mari, elle avait demandé à monsieur Savard de garder son argent et les carnets de dessins et de croquis de sa mère. Ce fut le butin de Sofie que Carmen promis de donner à sa majorité. Cependant, avant de partir, Carment chuchote à sa mère dans l’oreille.
— Mais… mère, pourquoi me donnes-tu ça maintenant, tu reviendras la chercher ta petite Sofie.
— Chut… Va-y avant que je ne change d’idée.
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Plus les mois avançaient et plus la maladie de Madame Savard progressait. Carmen et son père savait maintenant qu’elle ne s’en sortirait pas vivante. Vingt-quatre mois après le début de son combat la malheureuse quitta ce monde, les larmes aux yeux, toutefois avait de fermer les yeux à jamais elle s’assoit subitement dans le lit et lui sourit. Ces dernières paroles furent : Ne t’inquiète pas pour moi, je la vois notre petite Moïsette, elle s’occupera de moi et moi je lui parlerai de son enfant.
La petite Sofie ne l’avait revue qu’une seule fois, lors d’une visite que leur avait fait Carmen quelque semaines plus tôt, sentait probablement la fin de sa mère.
Dès les premiers jours de sa solitude, Monsieur Savard, qui avait toujours vécu que pour sa femme, sombra dans une dépression. Carmen, inquiète de le voir dépérir lui aussi, revint vendre la maison familiale et ramena son père avec elle.
Sofie, qui avait maintenant dix ans, était aux anges de revoir son papa, car pour elle, les Montiguë étaient gentil, mais elle ne se sentait pas vraiment chez elle. Elle avait toujours voulu lorsqu’elle serait grande retourner à Toronto où elle se sentait à sa place, mais là, il n’y avait plus de maison… Néanmoins elle avait retrouvé son petit papiedou. Ils étaient de nouveau ensemble et Sofie se promis de lui rendre son sourire si chaleureux et amant.
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Durant les sept autres années de la vie de son père, Sofie ne revit que deux fois le sourire tant désiré du vieil homme. Un jour, sur son lit de mort, il demanda à la voir seule. Assis sur une chaise la jeune femme attend que le vieil homme cesse de tousser. Lorsqu’il en fut capable il lui prit la main et il lui dit :
— Chère petite, aujourd’hui, je vais aller rejoindre ma femme et ta mère et c’est bien comme cela. Tu auras bientôt l’âge de faire ta vie. Et je sais que tu la réussiras, car tu es une bonne fille et il y a un homme fait pour toi, je le sens et tu le trouveras…
Sofie basse la tête et lui dit simplement, en sanglotant :
— Papiedou, je suis triste, mais je comprends, et ne t’en fait pas pour moi, je m’en sortirai. Je rêve depuis bien longtemps de recommencer une vie nouvelle ailleurs, dans un autre pays et je crois que je viens de trouver l’endroit. J’irai à Paris, termine-t-elle en relevant la tête.
Très rapidement, elle se rend compte qu’il est déjà parti. Elle se lève en pleurant pour le serrer une dernière fois dans ses bras et lui chuchote à l’oreille :
— Repose en temps, et va comme tu viens de me dire retrouver la femme que tu n’as jamais cessé d’aimer, tu le mérite.
Étrangement, tout comme sa femme, sept ans plus tôt il partit lui aussi avec un large sourire.
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Sofie, qui venait d’avoir dix-neuf ans, saluait, sur la passerelle du paquebot, ses sœurs et Carmen. Des larmes coulèrent sur ses joues, mais c’était des larmes de joie. Elle partait comme promis à son père, vers sa nouvelle vie.
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Voilà quelques jours, un miracle venait d’arriver pour la pousser justement vers sa destinée.
— Ma fille, il semble évident que tu es prête à entendre, ce que je m’apprête à dire. Mon père, quelques semaines avant sa mort, m’a remis une lettre et beaucoup d’argent pour toi. Il m’a écrit dans cette lettre que je devrais te le donner lorsque tu seras prête à commencer ta nouvelle vie et ça semble le cas. Une partie de cette somme provient de ta mère naturelle. Tient le voici, fais-en bonne usage.
— Promis, lui répond Sofie, en la serrant très fort.
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Toujours en les saluant, Sofie, pensent en les regardant s’éloignée d’elle.
« Merci, merci de m’avoir gardé près de vous. Adieu, chères sœurs, adieu Carmen, vous avez tout fait pour que je me sente à ma place, même si je comprends qu’avec ma maladie vous n’ayez pas voulu m’adopter…