De Générations en Générations – Chapitre 12

Chapitre 12

 

 

Reprenons à partir du chapitre 1, lorsque Judith déclina l’offre du Docteur Maurice…

 

            — Madame… Vous ne voyez pas que votre petite fille ne sera jamais normale. Que vous n’arriverai jamais à tout faire toute seule. Vous dites que vos enfants vous aideront… Et bien, ce n’est pas ce que j’ai vu. Personne n’accepte ce nouveau-né… Elle sera leur souffre douleur. Vous ne pourrez pas tout le temps la protéger. Donnez à votre petite fille la chance de vivre une vie, qui lui conviendra au mieux de ses capacités. Ici elle souffrira et vous souffrirez…

            — Mais…

Le docteur ne la laisse pas continuer, il poursuit avec une proposition surprenante.

            — Laissez-moi terminer Madame Tremblay. Ce que je m’apprête à vous dire sera peut-être une solution pour vous. J’ai n’ai ni voulu de femme, ni voulu d’enfant… Mais maintenant que je suis en train de vieillir, j’aimerais donner un peu de bonheur à une personne autre que moi… et là maintenant je viens de trouver. J’aimerais si vous me le permettez m’occuper de ce bel enfant… Votre Mosette, qui je sais aura besoin de plus de temps que je ne peux lui donner… Cependant, vous pourrez venir vous en occuper si je ne suis pas disponible et la nuit… je donnerai quelques sous à un garçon pour venir la surveiller… Je ne suis pas riche, mais j’ai assez épargnez pour qu’elle ne manque de rien… Je ne vous l’enlève pas… Faite-le pour elle…

            — Mais que diront mon mari et les mauvaises langues, vous savez les commères? Je ne pourrai plus aller à l’Église de peur qu’on me regarde comme une dépravée. Non merci, cette offre est tentante, mais je ne pourrais pas l’assumé. Je suis trop… Comprenez-moi docteur, je vous en pris. Cette enfant est tout pour moi. Je ne pourrai pas m’en séparer. Je suis beaucoup trop attaché à ce petit être sans défense et je l’aime tellement, dit-elle, en pleurant.

            — Chère madame, même si vous n’acceptez pas mon offres… Est-ce que votre mari reviendra vous? Vous aidera-t-il? Vos enfants vous supporteront-ils? Et les gens du village, feront-ils le moindre pas vers vous? Je ne crois pas… et vous non plus. Vous n’avez que moi… Je vous laisse y réfléchir.

            — Merci docteur… pour l’offre et pour votre bonté, mais je ne peux accepter.

            — Nous verrons bien… nous verrons bien. Je suis très occupé et je ne pourrai pas venir à toutes les fois que vous serez en détresse. Cependant, ça sera votre choix, répond le docteur Maurice, en la saluant.

Dehors, il ne fut qu’avoir une pensée pour cette patiente.

            « Pauvre femme… »

 

♥♥

 

Comme l’avait prédit le docteur, la vie de Judith prit vite un tournant catastrophique. Le mari s’absentait de plus en plus et lorsque sa présente était requise, il dormait la grange, avec pour toute compagnie, les bêtes et des bières artisanales qu’il avait rapportées de ces nombreux voyages. Sa fille jalouse comme ça ne se peut pas, ne lui parle que pour l’insulter et les garçons ne font que s’amuser. Elle n’a plus aucune autorité sur eux. La seule qui l’aide un peu est Réjeanne, néanmoins, elle ne peut être à ses côtés jours et nuit… Et depuis quelques semaines, elle aussi est plus distante avec elle.

Et pour les paroissiens alors… Encore un autre revers, dès le premier dimanche, on lui fit comprendre que sa place n’était pas à l’avant, mais bien à l’arrière et on alla même jusqu’à lui dire de sortir dix minutes avant les autres… Et comble de malheur, le docteur Maurice, comme il lui avait dit, était très occupés.

 

♥♥

 

Cela prit un certain temps, mais un soir où la petite Moïsette était très agité et pleurait sans arrêt, Judith prit la décision qui s’imposait après que son ainée avait criée pour la douzième fois de la faire taire.

Elle prépare quelques vêtements et certaines choses essentielles à la survie de l’enfant, puis elle emmitoufle la petite, prend son châle et se dirige sans un mot vers la porte. Bizarrement, Moïsette s’était tût.

            — Maman ! Que faites-vous ? Où allez-vous en cette pleine lune ? Il fait beaucoup trop noir, dit l’ainée de ses filles.

            — Où je vais ne vous regarde pas. Je ne suis pas votre fille, répond Judith en ouvrant la porte. Avant qu’elle ne la referme, elle entend sa fille qui rouspète.

            — Faites comme vous voudrez… De toute façon, vous ne m’écoutez jamais.

Les larmes aux yeux, mais toujours aussi décidée, elle commence la longue marche qui mettra sa fille en sécurité. Une chance, dehors il ne fait pas trop froid. Quelques temps plus tard, elle frappe à la porte. Le docteur Maurice offre la porte, une pipe à la main. Surpris de voir celle qui lui rend visite, il la fait entrée dans le vestibule en regardant de droite à gauche. La porte refermée, il lui dit :

            — Madame Tremblay… Que faites-vous ici à une heure aussi tardive? La petite est-elle malade ?

            — Non monsieur, elle ne l’est pas… mais elle le sera si elle reste dans notre foyer. J’ai peur de la laisser seule. Ma famille lui veut du mal et je ne sais plus comment la protéger. Ce soir avant que je ne décide de venir… elle n’arrêtait pas de gigoter et de hurler et cela arrive de plus en plus souvent. Avant et après ces crises, elle ne mange pas et ne boit pas… Voulez-vous encore vous occuper d’elle ? Votre proposition est-elle encore valide…

            — Hum… Cette nuit, je vais effectivement la garder et je vous assure que je vais bien m’occuper d’elle. Demain, lorsque vous reviendrez, si vous n’avez pas changé d’idée, je chercherai une dame qui pourra s’en occuper, lorsque ni moi ni vous ne pourrez le faire et cela risque d’arriver souvent. Alors pour le restant de la nuit pensez-y bien, car moi je respecte toujours ma parole. Je serai là pour vous et pour la petite Moïsette, donner- la moi je vais aller la coucher.

Lorsqu’il eut dans ces bras, une inquiétude se présente aussitôt. Pour ne pas alerter la mère, il se tourne aussitôt vers sa salle de repos en pensant.

            « Elle est bien molle cette jeune fille, comme si elle n’avait plus aucune force et comme elle est petite et délicate pour son âge. Hum… »

Ayant couché l’enfant sur le petit lit qu’il gardait pour ceux qui arrivaient chez lui malade, et qu’il devait garder, Maurice revient au vestibule, mais Judith n’y est plus.

            « J’espère qu’elle reviendra, qu’elle ne vient pas d’abandonner son enfant. Allons docteur! Ne la juge pas, même si tu en as vu d’autres. Cette femme, cette mère aime son enfant plus que tout au monde…