De Générations en Générations – Chapitre 7

Chapitre 7

 

 

Moïsette erra dans la ville ce jour-là, essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Bizarrement, elle ne sentait venir aucune crise, comme si le bébé en elle la protégeait. Satisfaire par cette belle pensée, elle reprend un peu confiance en la vie.

            « Maintenant il me faut un endroit où vivre avec ce petit être à naître. Je vais lui donner tout l’amour que ma mère m’a donné durant les quelques années… »

Cette pensée Moïsette ne la continua pas, car une autre plus néfaste se manifesta, mais rapidement pour ne pas perdre espoir, elle la transforma en une plus joyeuse.

            « Mon Dieu! Personne ne voudra de moi… Non! Non… ne traumatise pas, sinon ne pourra pas te contrôler. Ok pense-vite ! Tu n’as pas beaucoup d’argent, mais tu es capable d’économiser et de travailler un peu avant que ça se voit trop. »

Arrivé à la gare, elle regarde les destinations possibles. Celle qui la tente le plus est aussi l’une des plus éloignée.

            « Je n’ai pas le choix. Je dois choisir un endroit où personne ne me connait. Et pour y vivre sans problème, je dois trouver une place où il y aura plusieurs habitants. Toronto est le meilleur choix… »

Bien assise dans le train, en face d’un vieux couple qui se tenait la main en la regardant, des pensées plus sombres se manifestent encore dans sa tête. Pour les éloignés, elle se flatte le ventre et en prenant sa bourse qui lui serre aussi de fourre-tout, elle prit le petit carnet, le seul cadeau que sa mère lui avait laissé. De beaux souvenirs se réveillèrent en ouvrant les premières pages qui se mêlèrent aux autres.

            « Pourquoi n’ai-je pas continué son œuvre en l’améliorant ? Mes dessins et ses beaux textes auraient surement fait bon ménage et ma vie aurait peut-être tourné autrement… »

Des larmes coulèrent alors sur ses joues. Cependant une voix de femme la ramena au présent.

            — Qui a-t-il de si triste dans ce carnet ?

            — Oh! Désolé madame… Ce carnet appartenait à ma mère et j’aurais tant aimé…

Elle arrête phrase et songe de nouveau.

            « Je ne peux pas dire la vérité à des gens que je ne connais pas. »

Sa décision prise elle continue sa phrase en disant non pas la vérité mais un pieux mensonge.

            — … j’aurais tant aimé ne pas la décevoir. Cependant, cela fait une semaine que mon mari est mort et la seule chose qu’il m’ait laissée est cette petite merveille qui grandit dans mon ventre.

            — Mais madame, réplique la veille dame, vous devriez porter le noir et garder votre alliance au doigt.

Moïsette la coupe, néanmoins, cette fois, en lui disant la vérité.

            — Non madame, cette coutume de se fait pas vraiment dans cette communauté où je vivais… et maintenant que je ne peux plus apporter du pain à la table, on me rejette encore, dit elle en essuyant ses larmes.

            — Oh!

Ce sont seulement cette expression de surprise qui sortit de la bouche de la veille dame. Elle la regarde intensément comme si elle voulait la sonder.

            — Me permettez-vous de jeter un coup d’œil à votre carnet ?

Cette demande fit sursauter la jeune femme, toutefois elle lui tendit son carnet.

La dame, le feuilleta une feuille à la fois et lorsqu’elle eut terminé, sans détourner les yeux du petit livre, elle fit :

            — C’est très beaux… les textes de votre mère sont très bons. Où allez-vous jeune fille… à Toronto j’espère.

            — Oui c’est cela madame.

Et le mensonge continue.

            — Je vais chez une tante éloigné… Elle pourra surement me chercher jusqu’à ce que mon bébé soit né, mais ensuite je devrai surement quitter et je n’aurai plus rien, dans une ville où je ne connais personne et pas même leur langue…

Et elle termine ainsi :

            — Mais pour nourrir mon enfant et moi… je n’en ai pas besoin pour me faire comprendre.

Une belle surprise attend alors Moïsette.

            — Mais voyons! Ne parlez pas ainsi. Vous avez une chance de recommencer votre vie et donner à votre enfant, une chance de partir sa vie de la bonne façon, ne la gâcher pas.

Le vieux couple se leva aussitôt et s’éloigna elle en discutant vivement. Moïsette ne savait plus quoi penser. Elle venait de faire fuir ces braves gens. Ils cherchaient surement un autre wagon plus calme pour s’installer.

Cependant quelques temps plus tard ils revinrent s’asseoir à la même place en face d’elle. Encore une voix la vielle dame la regarde et lui dit :

            — Nous aurions une proposition à vous faire, mais cela sera possible qu’à une condition.

            — Mais vous n’avez pas à faire cela madame…

Cette fois, c’est la vieille dame qui lui coupe la parole.

            — Non écoutez-moi jusqu’à la fin. Je viens de discuter avec mon mari et nous nous sommes mis d’accord. Le carnet de votre mère a terminé de convaincre mon époux. Nous avons un petit appartement non loué dans notre maison. Nous avons décidé de ne plus prendre de locataire vu notre âge avancé, mais nous sommes prêt à vous le louer, mais à la condition que vous terminiez ce que votre mère à commencer et que vous nous permettiez de venir voir votre enfant, car nous n’avons jamais eu cette chance. Et dernière chose, vous ne devez plus jamais parler de votre vie d’avant lorsque vous serez avec nous.

            — Mais vous ferriez cela pour moi… une personne que vous ne connaissez même pas. Êtes-vous des anges? Répond Moïsette, en se sentant défaillir.