De Générations en Générations – Chapitre 8

Chapitre 8

 

 

Tous les matins, depuis qu’elle était dans l’appartement du vieux couple, Moïsette se pinçait le bras pour être certaine qu’elle ne rêvait pas. Des gens comme ça, elle n’en rencontrait probablement plus. Il ne lui demande rien. À chaque jours ont lui apporte café et déjeuner.

            « De plus, le docteur de ce gentil couple avait accepté de me suivre sans poser de questions. C’est très bien comme ça, car je n’aurais pas su lui répondre, car je ne parle pas un traitre mot d’anglais… Dans mon autre vie je me faisais comprendre, mais ça n’a rien à voir avec celle-ci », pense-t-elle, un soir en se couchant.

La seule chose qu’on lui demande depuis qu’elle est avec eux, c’est d’essayer de continuer l’œuvre de sa mère. C’est probable, qu’elle en serait capable car chez les sœurs, on lui avait plusieurs fois répéter qu’elle avait un talent probablement inné pour le dessin et la composition de texte. Cependant, cela faisait si longtemps. Elle ne savait pas si elle en serait encore aussi bonne.

 

♥♥

 

Après huit longues semaines à tourner en rond, Moïsette avait enfin pris sa décision. Elle allait s’installé dans la petite véranda, au fond où il y a une petite table et commencé par relire ce que sa mère avait fait.

La futur maman, qui venait de s’asseoir et se préparait à ouvrir le premier livre de sa mère, entend de petit pas presque silencieux se diriger vers elle: Elle sourit car la jeune femme savait très bien qui venait lui apporté son café. C’est sa logeuse qui venait aux sources. Mais Moïsette la devance en lui disant :

            — Comme vous êtes gentille madame Savard… Vous êtes toujours au petit soin pour moi. Je ne le mérite vraiment pas.

            — Ne dites pas ça… Vous êtes une soie et vous êtes si tranquille. J’espère que lorsque vous aurai eu votre bébé, vous nous le laisserai un peu, ainsi vous pourrez aller vous amuser comme vous devriez le faire… Mais ce moment est encore loin et je suis heureuse de vous voir avec ce carnet. Enfin, vous vous décidez à essayer. Je vous apporte un thé et ensuite je vous laisse travailler.

            — Oh! Mais madame… pourquoi du thé ? Vous savez que j’aime mieux une bonne tasse de café.

Sans aucune hésitation la vieille dame lui répond :

            — Jeune fille, vous en avez déjà trop pris aujourd’hui. Si vous continuer ainsi votre enfant sera très agité, lorsqu’il naitra. Croyez-moi, j’en ai vu d’autre. Je vous apporte une bonne tisane alors…

            — Non! Non… chère bienfaitrice… Venez près de moi et racontez-moi encore une belle histoire de famille comme celle que j’ai toujours désiré avoir. Cela me fait tellement du bien.

            — Oui, lui dit-elle, je le ferai, mais pas tout de suite. Vous devez travailler et si je m’installe, je ne pourrai plus m’arrêter et vous reporterai votre écriture. Je reviens tout à l’heure pour vous apporter ce beau liquide chaud et ensuite je disparais.

            — Oh mais! Je ne suis pas certaine d’écrire aujourd’hui.

            — Mais vous essayer c’est ce qui compte, dit madame Savard en quittant la pièce.

            « Comme je suis bien avec ce couple. Ils sont si gentils. Pourquoi ma famille n’était pas comme eux », songe-t-elle en ouvrant le carnet. Oh non ! Je ne dois pas pensé ainsi, mais mère elle m’aimait et ce n’est pas sa faute si elle est morte.

Une larme coule sur sa joue, qu’elle essuie aussitôt.

            — Non, je dois penser au merveilleux cadeau que la vie me fait maintenant et aller de l’avant. Bon commençons…

Bizarrement lorsqu’elle commence, les idées lui viennent instantanément. Elle est tellement concentrée qu’elle ne voit pas la vieille dame revenir avec le breuvage chaud. Madame Savard sourit en voyant la jeune femme prendre sa tasse sans arrêter son travail. Elle sortit sur la pointe des pieds pour ne pas la déranger.

Quelques heures plus tard, Moïsette arrête, car elle ne tient plus debout. Son état lui demande beaucoup de repos, mais moins que les crises… Une chance, car les deux serait probablement très dure à vivre.

En refermant le carnet, elle se lève et retourne dans la cuisine où elle sait qu’elle trouvera sa logeuse et effectivement elle est assise à la table, épluchant des carottes. Sans tarder, Moïsette lui dit :

            — Madame Savard, pourriez-vous me dire ce que vous en pensez ? Je vous laisse le carnet et vous me direz franchement le résultat de votre lecture à mon réveil, je suis tellement fatigué… Enfin, j’espère que vous aimerai.

            — J’en suis certaine mon enfant. Allez vous reposer et laisser moi lire, répond-elle en souriant.

Moïsette se couche l’esprit tranquille et s’endort aussitôt.

Dans la cuisine, madame Savard s’empresse d’ouvrir le carnet et une exclamation sort aussitôt de sa bouche.

            — Oh ! Géniale… C’est vraiment très bien écrit et très beau. Je ne savais pas que l’on pouvait améliorer ce qui était déjà parfait, mais elle l’a fait. Elle a mis le dessin et les poèmes au gout du jour. Il faut vraiment qu’elle continue et peut-être un jour, en verra-t-elle un livre…

Lorsque Moïsette revient dans la cuisine ce jour-là, avec un espoir, elle ne fut pas déçue. Ce qui l’encouragea à continuer avec acharnement pour ne pas décevoir ceux qui lui font vivre un rêve. `

Mais à presque neuf mois de grossesse, tout bascula. Elle eut une crise. De peur que ces bienfaiteurs ne la soutiennent plus, elle essaya de leur cacher. Cependant dès que madame Savard la vit entrée dans la cuisine, elle s’exclama.

            — Mais doux Jésus ! Que faites-vous debout, vous êtes blême comme un drap. Allez vite vous recoucher. Je fais venir le docteur.

Toujours par peur de les décevoir, elle réplique.

            — Mais non madame, je suis seulement fatiguée mais je vais bien. Ce petit être dans mon ventre me prend beaucoup d’énergie. Je dois continuer l’œuvre du premier carnet de ma mère avant qu’il ne vienne au monde. J’ai presque terminé.

La veille dame ne la laisse pas continuer.

            — Non, ce n’est pas normal. Vous oubliez que je vous vois tout les jours. Allez-vous recoucher en attendant le docteur.

            — Mais…

Sans attendre la vieille dame la prend par le bras et en l’aidant la ramène dans son lit. Aussitôt couché la jeune femme refait une crise sous les yeux ahuris de Madame Savard. Sans savoir ce qu’elle doit faire la logeuse prend une débarbouillette et lui essuies le front et lui racontant une histoire. Tranquillement la jeune femme se calme et lorsqu’elle est certaine que tout est terminé, elle revient à la cuisine et appelle le docteur.

Dès que le docteur la voit, il la met au repos complet. Lorsqu’il est seul avec madame Savard, il lui dit que d’après les symptômes qu’elle lui avait décrits, il avait déjà entendu parler de cette maladie, mais qu’aucun remède à ce jour n’avait été trouvé. Mais ce qu’il trouvait très bizarre, c’est que ça soit sa première crise. Lorsqu’elle ira mieux, il faudra lui poser la question.

Malheureusement, son état ne s’améliore pas et le docteur à toutes heures du jour et de la nuit dut se déplacer chez madame Savard. Jusqu’au jour où en pleine crise se d’éclanche les douleurs de l’accouchement.

En détresse le docteur avec la sage femme qui venait d’arriver pour l’aider s’exclame.

            — Elle est trop faible… Elle ne s’en sortira pas. Faites sortir madame Savard. Je vais essayer de sauver l’enfant.

Comme dans un nuage, Moïsette entends :

            — Non! Non… laissez-moi rester. Je dois lui raconter une belle histoire.

            — Allons madame… Soyez gentille et sortez. S’il vous plait, faites-le pour elle, dit la sage femme en la poussant vers l’extérieur et en refermant la porte.

Puis elle entend comme dans un rêve.

            — Venez vite, voilà la tête. Un dernier effort… Oh! Une jolie petite fille.

Puis Moïsette l’entend pleurer. Un sourire s’installe alors sur son visage.