Mercenaire – Chapitre 1

Chapitre 1

Je suis de retour

À la lisière de la forêt de Gul, Torgun libère le second cheval. D’un pas assuré se dirige vers l’intérieur du hameau. Sur son passage un fermier tournoya autour de son poulailler pour attraper le chien qui venait d’égorger une poule. Ce qui le fit sourire.

Quelques maisons éparses servent de centre du village. La plus grosse fut celle de l’auberge. Une écurie plus une petite forge en rajoute.
Torgun Tal crée une certaine curiosité à son passage. Mal attriqué et couvert de peaux diverses, le guerrier passe davantage pour un clochard des bois. Une lance de fortune en bois taillé de manière artisanal, en dit long sur l’impression que les habitants peuvent avoir à son sujet.

Nullement dérangé par leurs réactions Torgun se dirige vers l’intérieur et dépose sa lance au mur. Une odeur de pot au feu l’enchante. Trois hommes se trouve réunis dans un coin et taisent leurs conversations à sa vue. Un autre, bois seul et Torgun se dirige vers une table au centre et s’installe sur le banc.

L’aubergiste assez corpulent et aux bras marqué par le feu des marmites se présente à la table de l’intrus.

—Donne-moi un plat de ton ragout et une pinte de bière si tu en as.
—Ta de quoi payer étranger ?

Torgun s’exécute et dépose un écu d’or sur la table.
Les yeux rempli de convoitise, l’aubergiste veut saisir la pièce, quand une main solide l’agrippe et lui écrase les doigts.

—T’as de la monnaie ? Le fixant d’un air sévère.

Surpris par la force de son regard et la puissance de sa main, l’aubergiste recule.

—Je vous apporte le tout seigneur.

Les autres hommes continuèrent à vaquer à leurs occupations.
Un serviteur se présente rapidement à la table de Torgun, un jeune garçon avec une chope de bière et un bol en bois. Lorsqu’il le dépose sur la table, Torgun vit une main noirci par la terre et des résidus tombèrent dans son plat. Il aperçoit ça frimousse, morve au nez, un œil tuméfié et sortit un pain de dessous son bras qu’il dépose et s’en retourne sans mot dire.
Encore un bâtard exploité. Se dit-il.

Peu de temps après l’aubergiste arrive avec une chaudronné de ragout et rempli le bol de l’étranger. Avant qu’il ne se retire.

—C’est votre garçon ?
—Non, c’est le fils de ma défunte sœur. Il vous a importuné ?

Torgun fit un signe négatif. L’aubergiste se retire, contrarier.
La senteur éveille à nouveau en lui les affres de la faim et à l’aide de son pain se gave de sa mixture.
Cinq soldats Alouttes entre et prennent place prêt de la porte. Torgun continue à manger le dos tourné à eux.
Quelques minutes plus tard, trois autres hommes arrivent. Leurs débraillements donnent lieu à croire qu’ils ne font que de la basse besogne. Les trois lascars s’installent prêt de la cheminé, à la gauche de Torgun.

Aussitôt il remarque que les trois bavards ce sont tus à leurs entrées et qu’ils redoutent quelque chose. Il remarque que sur l’un des trois hommes à sa gauche, il porte une dague de qualité.
Voilà qui est intéressant, des mercenaires. Se dit-il.

—Aubergiste, hurlant presque, mon plat est vide.

L’homme corpulent et malodorant, se précipite avec son chaudron et lui rempli son bol à nouveau.
Un des hommes de gauche portant une balafre sur le front émet un commentaire.

—Holà Potiron !, ta bouillabaisse semble faire fureur aujourd’hui. J’espère que ton rat n’a pas pissé dedans. Ha, ha, ha…

Ses deux compagnons s’éclatèrent aussi, les trois autres rigolèrent nerveusement, l’homme saoul ronfle sur la table et les soldats continuent à discuter.
Le grand gueulard à la balafre en rajoute.

—Aie !, étranger !, tu permets que je sente ta bouffe, pour savoir s’il a pissé dedans.

Ses amis rigoles.
Torgun continue à se délecter et l’homme se lève et s’approche de sa table.

—Dis étranger, je peux sentir cette merde ?

Torgun lève la tête et sans réaction agressive lui tend son plat.

—Permet toi.

L’homme se penche et dans un geste inattendu, le balafré crache dans son plat. Un main lui agrippe les cheveux et lui enfonce le visage sur la table au travers du bol en bois. L’homme émet un son étouffé.
Lui relevant la tête, lui assène un coup en plein visage qui le fait culbuté sur ses amis. L’homme à la dague voulut faire un geste et reçoit un couteau en plein bras.
Torgun se dirige vers eux d’un pas lent. Paralysé par la peur, le troisième homme ne sait que faire et le balafré revient à lui un tant soit peu et se précipite vers lui. Cette fois, Torgun le frappe avec son casse tête et lui fracasse la mâchoire, puis se dirige vers l’homme au couteau.

—Tu permets, j’aimerais récupérer ce qui est à moi. Lui arrachant du bras.

Le gredin émis un son plaintif et le sang coule abondamment.
Torgun rengaine son casse tête tranquillement et s’adresse à eux.

—Maintenant que vous avez détruit mon repas. Je désire une compensation.

L’homme toujours intact, sortit une rouelle.

—Quoi !, tu me prends pour un taré. Allonge les écus, le minable.

Voulant faire un mouvement brusque, Torgun fit le geste de lancer son couteau à nouveau.

—Tu as tout le temps de déposer ton argent sur cette table.

Indécis, le mercenaire dépose une bourse rempli de pièces sur la table.

—Voilà qui est fait, ramassant la bourse. Maintenant je peux continuer mon repas. Rengainant son couteau et son casse tête.

L’homme ne dit mot.

—Sans préjudice, n’est-ce pas ? Lui souris Torgun.
—Sans préjudice, lui répondit l’homme.

De retour à sa table, l’aubergiste s’exécute rapidement, les témoins de la scène restent pantois et les soldats n’interviennent pas, aussi surprenant que cela puisse paraitre.
Le calme revenu, les trois mercenaires sortirent trainant de peine et de misère le balafré. L’un des soldats fit un signe de tête.
Torgun reprit la où il avait laissé et au bout de cinq minutes un autre soldat entra et par une malheureuse coïncidence.

—Dite monsieur, vos épées, vous les avez trouvez où ?

Torgun ne se retourne même pas.

—Sur un cavalier aloutte.

Le soldat regarde les hommes assis et continue son interrogatoire.

—L’endroit…
—Sur le sentier ouest, à quelques lieux d’ici. Ils étaient deux. L’un avait la gorge tranchée et l’autre le crâne éclaté. J’ai prit ce donc j’avais besoin. Continuant à manger.
—Vous savez qui les as tuer ? S’approchant de la table de Torgun.
—Oui. Prenant une gorgée.

Voyant l’assurance du clochard des bois, le soldat peu sur de lui.

—Des voleurs, je suppose.
—Non.

Impatient, l’officier derrière hurla.

—Alors, qui est-ce ? !

Torgun dans un geste théâtral, dépose son gobelet sur la table. Se redresse sur son banc.

—Il s’appelle Torgun Tal, dit le Marteau de Tal. Se levant et laissant découvrir sa cuirasse de cuir. C’est moi.

Avant que le soldat à son côté puisse bouger, figer de stupéfaction. Torgun lui fracasse le crâne de la droite et pivotant dans le sens de l’élan, saisi le banc de la gauche et le projette sur les soldats assis.

Le projectile atteint son but et envoi par terre deux hommes. Le temps de sortir leurs armes Torgun en tue un, d’un lancé de couteau et se précipite sur eux. Esquive un coup d’épée en se
penchant et se levant comme une bête prêt à bondir, écrase un crâne à nouveau. Pivote et enfonce un couteau en pleine gorge d’un soldat. Le retire aussi vite et le sang éclabousse le sol.
Le combat fut de courte durée et l’officier encore vivant et salement amoché, s’attend à périr. Torgun s’approche vers lui.

—Maintenant officier, tu vas me dire où est ton seigneur, Byorne le crocheteur.
—Il est au château de Dril.
—Ça je le sais, mais où exactement ? Jouant avec un couteau.

L’officier hésite.

—Tu sais que je peux te faire souffrir longtemps avant que tu meurs.
—Chez le préfet.

Torgun lui fit un signe de tête comme quoi il apprécie. Puis lui plante son couteau en plein cœur et le retire vivement. Le sang s’éjecte rapidement pendant son dernier râlement. Torgun se relève et prend sa lance artisanale et la lance de toute ses forces sur l’homme saoul qui venait de se lever et le transperce de part en part. L’homme s’écroule sans un son.

—Tu croyais que je ne t’avais pas reconnu salopard. Tu étais de ceux qui m’ont tendu un traquenard.

Regarde les autres convives, paralysés par la peur.

—Vous trois récupéré, leurs bourses. Moi je récupère mes bottes.

Les trois ne se firent pas prié et comme si de rien n’était, Torgun repris ses bottes au voleur.
Les hommes déposèrent les bourses sur sa table. Torgun les déversas et prit un écu pour chacun et leurs donne.

—Vous leurs direz que c’est le Marteau de Tal et qu’il va tuer Byorne le crocheteur, pour une dette impayée. Tant qu’à toi aubergiste, voici trois écus.
—Trois, seigneur. Tout excité.
—Un pour ta bouffe qui fut excellente, un pour tes indispositions et la troisième pour le gamin.

L’œil à moitié tuméfié du garçon voulut s’ouvrir, tant il est surpris. Torgun lui fit signe d’avancé. Sans hésiter, il avance.

—Quel est ton nom ?

L’aubergiste prit la parole.

—Il s’appelle…
—C’est à lui que j’ai posé la question. Lui coupant la parole sèchement.

Puis d’un regard accommodant, l’invite à répondre.

—Gaël est mon nom maitre. Se raidissant.
—Bien Gaël, vas chercher ce qui te peut être utile.

Au bout d’un espace court, le jeune garçon reviens avec un baluchon attaché à un bâton et porte une vareuse mité à souhait et une paire de botte troué. Torgun grimace, se souvenant de son enfance.

—Tout le monde aux cuisines.

Personne ne se fut prier et avant que l’aubergiste ne sache quoi que ce soit. Torgun l’envoi au pays des songes.

—Désolé les gars, pour vous je vais être obligé de vous attaché et de vous bâillonné. Ainsi vous éviterez la pendaison.

Les trois hommes ne demandèrent pas mieux.
Lorsque des hommes de troupes pénétrèrent à nouveau à l’intérieur. Ils n’y virent que des cadavres et y trouvèrent les prisonniers.
La rage au cœur l’officier sortit son épée et s’adresse à l’un des prisonniers.

—Je vais te poser la question qu’une seule fois. Qui a faits ça ?

Mort de peur, l’homme ne se fit pas prié.

—Un homme.
—Un seul !
—Son nom est Torgun Tal, le Marteau de Tal.