Revel – Chapitre 5

Chapitre 5

Le lendemain, on la transféra effectivement au centre de réadaptation. On l’avait installée avec tout le confort nécessaire, il y avait même un lit supplémentaire, ou un de ses parents, s’il le désirait, pourrait rester avec elle.

Effectivement, pendant les deux premiers mois, à tour de rôle, le père et la mère se relayaient pour ne pas la laisser seule. Mais vu que la guérison progressait plus lentement qu’il ne l’aurait cru bientôt, ils durent se relayer les fins de semaine.

Cela soulagea Revel, car les exercices étaient beaucoup plus douloureux que ce qu’ils laissaient paraître.

Un soir du quatrième mois de sa convalescence, elle veut savoir…— «Ça ne peut pas faire de mal… Si un infirmier entre, je ferai comme si je tombais et peut-être que c’est ce qui va arriver après tout. Pourquoi suis-je aussi certaine que je vais être capable de faire quelques pas…»

Rapidement elle s’assoit dans son lit de la manière qu’on lui a apprise. Et, en s’aidant de ses bras, elle se met debout… Une canne était placée en permanence à côté du lit depuis son arrivée et elle la prend.

En regardant chacun de ses pieds, elle avance le premier et à l’aide de sa canne déplace l’autre au même niveau en chancelant néanmoins. Puis elle répète ces mêmes mouvements, elle réussit même à se tourner pour regagner son lit.

Puis elle lève les mains au ciel et crie :

— «Hourra !»

Puis elle se réveille en sursautant.

«Mon Dieu, je viens encore de voir l’avenir. Qu’est-ce qui m’arrive ? Je dois vraiment sortir de cet endroit, sinon ils découvriront mon secret, ils me garderont ici pour le reste de ma vie… Mais au moins je sais que je vais marcher. Je dois commencer à montrer que je vais y arriver, mais je dois le faire tranquillement».

À partir du lendemain, comme par magie, les jambes de Revel commencèrent à montrer des signes de succès.

Les jours passaient très lentement, car elle devait se concentrer pour ne pas montrer qu’elle était presque capable de marcher seule.

11

Un mois passa, teinté de torture mentale et un soir elle eut une nouvelle vision : elle vit arriver dans les corridors ses parents au moins dix minutes avant qu’ils n’entrent dans sa chambre. Elle voyait très bien ce qu’ils porteraient ce jour-là et même où son père s’était stationné et lorsqu’ils entrèrent elle s’échappa.

— «Maman, il est horrible ce foulard, tu dois t’en débarrasser et toi papa, pourquoi t’es-tu encore stationné dans la rue ? Ce ne serait pas si grave si tu payais le parking une fois de temps en temps».

Sa mère estomaquée réplique :

— «Mais… comment savais-tu que je porterais ce foulard et que ton père se stationnerait dans la rue qui est à l’opposé de ta chambre ? Je ne comprends vraiment pas».

« Oh! Encore une gaffe, vite je dois me rattraper», pense Revel.

— «Ce n’est vraiment pas difficile. Depuis que je vois, tu le portes cet affreux foulard. Et toi père as-tu une seule fois pris le stationnement payant ? Même si je ne voyais pas avant, ce n’est pas la première fois que je dois marcher des miles avant d’arriver à mon rendez-vous et je ne crois pas que tu aies changé !».

— «Effectivement tu as encore une fois raison, réplique le père. Comment se sont déroulé tes exercices aujourd’hui jeune fille ?»

— «Bien papa, je commence à très bien m’en sortir avec mes jambes. Justement je voudrais que vous me rameniez à la maison. Je sais que je ne suis pas prête encore à vivre seule, mais vous pourriez m’aider. Je connais les exercices par cœur et vous aussi. Je veux rentrer à la maison. S’il vous plaît… Je commence à déprimer seule ici».

— «Hum… dit la mère en réfléchissant. Je vais en parler avec ton physiothérapeute et s’il est d’accord nous serions heureux de t’accueillir de nouveau à la maison pour quelques mois».

— «Oh merci !»

« Au moins à la maison, même si j’aurais préféré mieux être dans mon petit appartement, je me sentirai en sécurité et non observée. Je vais pouvoir leur montrer mes progrès et je me donne un mois pour me retrouver dans mon petit chez moi.»