Revel – Chapitre 8

Chapitre 8

— «Mais papa, je ne veux pas y aller. Tu le sais comme moi que ce but était un coup de chance. Voyons tu sais que je ne pouvais pas avoir ce talent en naissant. Je suis plutôt née avec deux tares et tu en es conscient. Je ne me sens pas la force de faire rire de moi».

— «Mais peut-être, qu’au contraire, tu as vécus ces handicaps qui n’étaient pas les tiens et l’opération était une façon de réparer tout ça. Ce n’est qu’une pratique et je te promets que si tu n’atteints pas les résultats escomptés du coach, alors je te laisserai tranquille. Alors s’il te plaît accepte».

— «Mais je n’ai aucun équipement papa et je ne dépenserai sûrement pas pour un équipement pour une seule pratique !»

— «Crois-moi, ils te prêteront un équipement…»

— «Alors… C’est d’accord pour lundi prochain. Je veux profiter du vendredi et de toute la fin de semaine pour me reposer seule dans mon logement, que je retrouve pour la première fois en tant que voyante. En regardant bien, je ne crois pas que je resterai ici bien longtemps car avec tous ces repères de non-voyante, ça me rappelle trop de mauvais souvenir, répond Revel».

— «Ne pense pas à tout cela, chère petite. Tu verras, tu commences une nouvelle vie et elle n’a rien à voir avec l’ancienne. Je serai chez toi à 5: 30 heures ».

— «Stop… Tu penses que je serai prête à cette heure matinale !», termine Revel.

— «L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt», dit le père en raccrochant le combiné en riant.

«Je ne gagnerai jamais avec lui… Il veut ma mort», songe-t-elle.

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Les trois jours de congé demandés passèrent très rapidement et sans une minute de retard le père entra dans le logement.

— «Revel es-tu prête ? Je ne veux pas être en retard…»

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— «Ne crie pas comme ça papa, je ne suis pas sourde. Oui voilà, je suis prête. Viens et qu’on en finisse et que tu me laisses tranquilles».

En stationnant le véhicule, Revel aperçoit à l’entrée le coach en grande discussion avec deux médecins qui l’avaient soignée.

— «Papa, pourquoi ceux-là sont ici et pourquoi nous attendent-ils dehors ? Il ne pouvaient pas savoir…»

Elle ne termine pas sa phrase et se tourne vers son père, avec un regard accusateur.

— «C’est toi !»…

Il termine sa phrase.

— « Oui, je suis le responsable. J’ai subtilisé la carte et aussitôt notre discussion terminée, je l’ai appelé pour lui parler un peu plus de toi et c’est à sa demande que j’ai convoqué tes médecins. . Ne m’en veut pas, je t’en prie !».

— «Grrr…» rugit-elle en claquant la porte.

En entendant le claquement de porte les trois intéressés se retournent vers eux et le premier à parler est le coach.

— «Revel, te voilà enfin… J’ai pu entendre que tu n’appréciais pas ces nouveaux invités, mais c’est de ma faute. Je voulais être certain que tout allait bien aller.

— «Excusez mon arrogance, cher coach, mais comment voulez-vous que je montre vraiment tout mon potentiel en me sentant observée et surtout filmée par ceux-là ! Je crois que je vais laisser tomber. Je n’étais pas certaine de faire le bon choix de toute façon».

— «Mademoiselle», dit l’un des docteurs… «Nous nous ferons tout petits».

— «Hum… Je vous laisse regarder, mais votre caméra reste à l’extérieur et même je vous regarde la déposer dans votre voiture», réplique Revel.

—«Mais…»

— «Il n’y a pas de mais… C’est LA condition un point c’est tout».

— «D’accord… Nous allons ramener notre matériel dans la voiture», dit l’autre médecin en se retournant.

— «Bien nous pouvons y aller. Ils nous retrouveront sans problème, vous avez été dure et ferme avec eux», dit le coach.

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— «Non monsieur, mais je sais ce que je ne veux pas et je crois, que personne de vous deux, ne pouvait savoir qu’eux pourraient me faire vraiment mal. Sachez qu’aujourd’hui si je ne donne pas mon plein rendement, ça sera de votre faute à tous les deux, termine-t- elle en accélérant la cadence».

Les deux coupables restent derrière elle pour ne pas la froisser davantage et ils restent même silencieux.

Dès qu’elle entre dans l’aréna, une personne l’attend et la prend en charge. Comme par magie, un endroit lui est attitré et l’équipement au complet l’attend sur un banc. Sans tarder, comme s’il l’avait deviné son responsable lui explique comment se vêtir pièce par pièce, puis ensuite sans dire un mot, il l’a laisse seule.

Cela lui prit une demi-heure avant d’être prête extérieurement et intérieurement pour le test.

— «Voilà mon premier show… Je suis nerveuse car je ne sais pas ce qui va se passer. Alors jeune femme n’aie pas peur, tu le désires depuis si longtemps. Profite bien de cette seule fois», songe Revel en sortant.

En embarquant sur la glace, elle aperçoit le coach qui lui fait signe de se diriger vers lui.

Aussitôt arrivée, il explique aux joueurs qui la regardent d’un drôle d’air :

— «Je vous présente Revel, qui a grandement impressionné notre gardien recrue et cela, grâce à un seul tir. Aujourd’hui, je veux voir si elle peut récidiver sa prouesse en jouant avec vous. On divise comme on le fait d’habitude et Revel pour la première joute sera dans l’équipe bleue».

Un joueur ose dire ce que toute l’équipe voulait savoir :

— «Eh Coach, pourra-t-on le plaqué au besoin ?»

— «Naturellement, dit la jeune femme, je veux faire un vrai test. Je ne suis pas une femme aujourd’hui, je suis votre adversaire», réplique-t-elle en le regardant dans les yeux.

— «Bon d’accord, traitez la comme une recrue mais ne soyez pas trop durs, Revel reste sur la glace… Tu joueras allié droit», dit le coach pour appuyer ses dires.

— «Bien Coach, dit-elle en regardant les estrades», pour s’assurer qu’il n’y avait pas de caméra.

Bien ancrée à sa place, Revel est nerveuse mais toutefois impatiente de commencer la partie. Elle attend le coup de sifflet et lorsque celui-ci survient, plus rien ne compte à

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part la rondelle. Lorsque enfin elle arrive sur sa palette, elle active son coup de patin en déjouant un à un ses adversaires et elle voit apparaitre son but ultime, le gardien, qui se couche avant son lancer.

« Idiot », se dit-elle. Comment peuvent-ils le trouver bon ?

Sans attendre, elle décroche un tir dans le centre du but.

Aussitôt un coup de sifflet retentit, annonçant l’arrêt du jeu. Le coach et tous les joueurs l’entourent, l’entraineur vient la rejoindre au centre.

— «Comme vous l’avez tous vu, nous n’avons rien inventé. Elle est sublime et je la veux dans notre équipe».

— «Mais coach, je n’ai rien fait d’extraordinaire. Votre gardien vedette, s’est couché et je n’avais qu’à tirer au-dessus…»

Celui-ci la coupe en la regardant avec de grands yeux ronds :

— «Tu me fais marcher là. Tu sais bien que tu es un prodige. La vitesse de ton patinage et de ton tir… Et le gardien comme tu dis est reconnu pour deviner où vont les tirs, mais je vois que ça ne marche pas dans ton cas. Une chance que tu seras dans son équipe», dit le coach en riant.

Toute l’équipe fit de même en applaudissant la nouvelle recrue.

— «Mais voyons, je ne peux pas jouer avec vous les garçons… Vous aurez une femme dans votre équipe et vous serez pointés du doigt par les autres».

Le gardien qu’elle avait battu deux fois réplique sans hésiter :

— «Revel, ça ne nous fait vraiment rien et ils comprendront vite tout comme nous l’avons fait que vous êtes la meilleure… Acceptez de venir au moins vous entrainer avec nous et vous verrez que vous ne pourrez plus vous passer de nous »

Et tout à coup elle entend :

— «Revel… Revel… Revel, la meilleure recrue de tous les temps !».

Tous ses coéquipiers la lève au bout de leurs bras en se promenant avec elle sur la glace, comme s’ils venaient de gagner la coupe Stanley.

Émue, elle ne put que dire.

— «Allons les garçons remettez- moi sur la glace… Ok, je viendrai demain et nous verrons bien».

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Dans les estrades, les docteurs debout, n’en reviennent pas. Comment est-ce possible ?

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